Article de Guillaume Barucq dans ACTUALITES le 10 octobre 2014
Le surf a débuté en France en 1957. La première génération de « Tontons surfeurs » a aujourd’hui allègrement dépassé la soixantaine, et certains d’entre eux continuent à surfer régulièrement, comme Joël de Rosnay. Le surf est vraiment devenu populaire dans les années 60, et il est intéressant de se pencher aujourd’hui sur la santé de ces surfeurs de la première heure. C’est ce que s’est attelée à faire l’équipe de chercheurs australiens de Martin Frank* qui a étudié l’impact à long terme d’une pratique régulière du surf sur la force et le contrôle postural de seniors.
Les chercheurs sont partis du constat que malgré les millions de pratiquants dans le monde, très peu d’études de médecine du sport portent sur les surfeurs amateurs, et il n’en existait aucune sur les surfeurs les plus âgés. Sachant que le surf requiert force, souplesse, endurance et coordination, les chercheurs ont fait l’hypothèse que sa pratique régulière pouvait entraîner des performances neuro-musculaires différentes de celles de la population générale.
Après toute une série de tests en laboratoire, les chercheurs ont montré que les surfeurs seniors étaient plus performants dans les tests de stabilité, avec un meilleur contrôle musculaire, particulièrement au niveau des muscles fléchisseurs du genou et des fléchisseurs plantaires de la cheville.
Les surfeurs seniors présentaient moins d’instabilité posturale en position debout sur une surface souple avec les yeux fermés, ce qui témoigne d’un meilleur contrôle de la posture et d’une meilleure proprioception. Ceci peut s’expliquer par les ajustements continuels des articulations nécessaires en surf, notamment au niveau des genoux et des chevilles, pour se maintenir en équilibre sur la planche, a fortiori si le surfeur effectue des figures ou se déplace sur un longboard.
Par rapport aux seniors sportifs du groupe contrôle qui pratiquaient la marche, la natation ou le vélo, le groupe des surfeurs a montré de meilleures capacités d’adaptation du contrôle postural, avec un temps de réaction plus rapide.
Les chercheurs concluent que la pratique régulière du surf sur le long terme peut maintenir et en améliorer la fonction neuro-musculaire, ce qui aurait pour effet d’améliorer la qualité de vie de ces seniors, en maintenant leur autonomie.
La diminution des capacités musculaires et de l’équilibre sont parmi les premières causes de morbidité et de mortalité chez les personnes âgées exposées au risque de chutes et à leurs complications. De précédentes études ont déjà montré les bénéfices d’activités physiques comme le yoga ou le Tai Chi sur le contrôle de l’équilibre, et cette étude montre que la pratique du surf apporte un plus au niveau du contrôle postural et de la force.
Dans une optique du « bien vieillir », la pratique prolongée du surf peut être recommandée si on se fie à cette étude qui en appelle d’autres. Ces résultats sont intéressants à connaître à une époque où l’espérance de vie augmente dans les pays développés : les plus de 65 ans représentent plus de 17% de la population en France, plus de 14% en Australie où cette tranche d’âge devrait doubler dans les 30 prochaines années. Le vieillissement en bonne santé est une priorité en Australie, et il est en train de le devenir en France où on commence à parler de « silver économie » au service du maintien de l’autonomie des personnes âgées.
Maladie de Parkinson, Surf et Tai-chi :
Suite à la publication de la première édition de Surf Thérapie, j’ai eu la surprise de recevoir un jour la visite à mon cabinet de Jean-Louis, patient de 78 ans présentant un syndrome parkinsonien. Suite à la lecture de mon livre, il avait décidé de se mettre sérieusement au Stand-Up Paddle. Il s’était fait son programme de Surf Thérapie sur la Côte Basque, entre Biarritz et Hendaye, en alternant le bodysurf dans les vagues et le SUP en balade, avec de très bons résultats sur son bien-être physique et psychique.
J’ai d’abord considéré ce cas comme exceptionnel, avant de me dire que la surf thérapie pouvait aussi trouver des indications dans des maladies neuro-dégénératives débutantes comme la maladie de Parkinson. En attendant une étude spécifique sur l’impact de surf ou du SUP chez ce type de malades, on dispose déjà de données sur une activité physique qui partage de nombreux points communs avec le surf : le tai-chi-chuan. Le tai-chi a de grandes similitudes et une complémentarité avec le surf : comme le tai chi, le surf requiert une conscience aiguisée de la position du corps dans l’espace. Le tai-chi peut d’ailleurs se pratiquer sur une planche en « SUP Tai-Chi » (voir la vidéo ci-dessous).
L’étude de Fuzhong Li et al.* a montré que 2 séances d’une heure de tai-chi par semaine pendant 6 mois chez des patients présentant une maladie de Parkinson légère à modérée entraînaient chez eux moins de troubles de l’équilibre et un meilleur contrôle directionnel de leur corps. Le Tai chi diminuait l’incidence des chutes, comparé aux autres groupes qui ne faisaient que des étirements ou un entraînement contre résistance. Les effets des séances de tai chi étaient maintenus pendant une durée de 3 mois d’après cette étude. Une autre étude (Xu et al.) a montré que le tai chi pratiqué régulièrement par des personnes âgées entraînait une meilleure proprioception au niveau des articulations des genoux et des chevilles, par rapport à des personnes sédentaires et même par rapport à un groupe de nageurs et de coureurs.