Biologie - Septembre 1991
Des vampires et des vipères pour lutter contre les maladies cardiaques : c'est la dernière découverte de chercheurs américains et non comme on pourrait le croire les ingrédients de base d'une recette de sorcière !
Grâce aux biotechnologies on peut extraire de ces animaux inquiétants des substances naturelles dotés d'un grand intérêt pharmaceutique. Une protéine extraite du vampire va peut-être sauver des milliers de personnes des effets des crises cardiaques. Des chercheurs de l'entreprise Merck Sharp and Dohme aux Etats-Unis on en effet découvert dans la salive des vampires un produit qui empêche le sang de coaguler pendant que le sinistre animal mord ses victimes. D'où l'idée d'utiliser cette substance pour dissoudre les caillots sanguins à l'origine des infarctus. Les effets sont spectaculaires : cet anticoagulant débouche les artères deux fois plus vite que le TPA (le Tissue Plasminogen Activator), commercialisé sous le nom d'Activase et considéré jusqu'à présent comme le nec plus ultra des nouveaux produits anti-infarctus. Autre ingrédient du brouet des sorcières, la vipère et son redoutable venin. Des chercheurs de la société Genentech viennent d'analyser la structure d'une protéine extraite du venin mortel d'une vipère de Malaisie. Cette substance appelé Kistrine accélère les effets des agents anticoagulants comme l'Activase. Toute une panoplie de produits efficaces se présente désormais pour combattre le tueur n°1 : les maladies cardio-vasculaires. Un inconvénient cependant : l'utilisation d'une protéine étrangère venant du vampire pourrait créer des réactions immunitaires indésirables. Une consolation : les chercheurs n'auront pas à collecter leur précieuse protéine à partir d'élevages de vampires car le gène à été introduit dans des cellules en culture ce qui permettra de fabriquer les quantités d'anticoagulants nécessaires aux essais à grande échelle.