Biologie - Juin 1993
Encore une nouvelle percée dans le domaine de la recherche sur le cancer. Des chercheurs américains ont directement injecté de l'ADN (la molécule porteuse des caractères génétiques) dans des tumeurs de souris avec un taux élevé de succès.
Mais comme toujours dans le domaine du cancer la prudence s'impose : il s'agit de résultats de recherches fondamentales et en aucun cas d'une nouvelle thérapeutique applicable prochainement à l'homme. Elle ouvre cependant des voies qui intéressent les chercheurs. Le Pr Gary Nabel et son équipe de l'Institut Médical Howard Hugues ont réussi à guérir 20% des souris traitées et à réduire de manière significatives les tumeurs de 70% des autres. Ces animaux présentaient des cancers musculaires et du colon. L'originalité de la méthode consiste à utiliser de l'ADN comme un médicament pour stimuler le système immunitaire, (les défense naturelles du corps) et lui permettre de détruire les tumeurs. Cette méthode est plus simple et plus rapide que la thérapie génique qui nécessite de prélever des cellules immunitaires, de les stimuler in vitro et les réimplanter dans l'organisme. L'ADN injecté directement dans la tumeur renferme un gène contrôlant la fabrication d'une protéine appelé H2K5 qui agit comme une "étiquette" marquant les cellules cancéreuses à détruire. Il faut au préalable "empaqueter" cet ADN dans un rétrovirus capable d'intégrer son ADN à celui du receveur ou dans un liposome, sorte de mini-enveloppe artificielle. L'ADN ainsi injecté non seulement agit sur les cellules tumorale, mais est capable de stimuler les défenses immunitaires en d'autres endroits du corps de la souris, détruisant des métastases. Les chercheurs n'ont pas noté pas d'effets secondaires lorsque l'ADN parvient à d'autres organes. De longs travaux devront être entrepris pour vérifier la validité des ces résultats. Mais déjà les chercheurs estiment qu'une nouvelle arme est en train de s'ajouter à la panoplie des thérapies anticancéreuses.