Biologie - Mai 1994
Des progrès considérables ont été faits ces dernières années dans la chirurgie cardiaque pour déboucher, reconnecter ou remplacer des vaisseaux sanguins. La transplantation cardiaque a également permis de sauver de nombreuses vies humaines.
Mais jamais les chercheurs n'étaient encore parvenus à reconstituer certains tissus du coeur par transplantation de cellules vivantes. C'est que ce vient de réaliser chez la souris des chercheurs de l'Université d'Indianapolis aux Etats-Unis. Durant toute notre vie les cellules du coeur battent plus de 3 milliards de fois. à l'unisson. Elles doivent avoir assez de force pour pomper 5 litres de sang dans les artères et les petits vaisseaux du corps. La particularité des cellules du muscle cardiaque est qu'elles ne se divisent plus à partir de la naissance. Ce sont donc les mêmes cellules qui nous accompagnent toute notre vie. Si un infarctus survient une zone du coeur n'est plus irriguée et les cellules abîmées ne pourront plus être réparées. Les chercheurs américains ont eu l'idée de prélever des cellules du muscle cardiaque de foetus de souris âgés de 15 jours et ayant encore la capacité de se diviser. 10.000 de ces cellules ont été alors transplantée par injection directe dans le coeur de souris adultes. Elles avaient été au préalable modifiées par génie génétique pour que leur noyau prenne une coloration bleue permettant de les distinguer des cellules de l'hôte. Surprise : deux mois après, les cellules transplantées sont toujours présentes. Non seulement elles sont parfaitement collées aux autres, ce qui est essentiel pour le fonctionnement du coeur, mais elles ont constitué des plaques de connexion permettant le passage des signaux électriques qui assurent la synchronisation des battements. Ces résultats font naître de grands espoirs pour la réparation des tissus du coeur. On pourra transplanter les cellules encore saines d'un malade atteint d'un infarctus. Ces cellules pourront être modifiées par génie génétique pour produire des facteurs de croissance facilitant la régénération. Mais il y a encore de longues années de recherches avant d'y parvenir.