Informatique - Décembre 1989

La logique cartésienne, en France on connait. Mais voici la nouvelle passion des japonais : la logique floue. Un outil mathématique délaissé par les américains et dont les applications en informatique et en robotique sont de plus en plus nombreuses.

A la télévision japonaise, dans les magazines, sur les derniers appareils électroniques la logique floue s'affiche. Un concept qui fait mouche dans un pays habitué par tradition philosophique et religieuse à l'ambiguïté et à la contradiction. Tout commence à la fin des années 60 à Berkeley en Californie. Un professeur d'informatique d'origine russe, Lofti Zadeh invente la logique floue. Pour lui les choses ne se classent pas en ensembles bien définis. Comme les nombres pairs ou impairs. Le noir et le blanc, le vrai ou le faux. Il existe des ensembles flous regroupant des éléments disparates. La logique floue permet de développer des règles précises pour traiter des expressions vagues. Comme : il fait "assez chaud" ou il faut "un certain temps". Par exemple un thermostat classique contrôle la température par à-coups. Trop chaud il éteint. Trop froid il rallume. Un thermostat à logique floue commence à réduire la température à l'approche de l'optimum. Résultat un meilleur confort et une note énergétique réduite. Ce type de mathématique est extrêmement utile pour contrôler des robots, des machines outils ou des systèmes électroniques. Après dix années de recherches des centaines d'applications pratiques sont en train de voir le jour au Japon. Par exemple des systèmes de transmission pour automobiles; des caméras autofocus, des métros à accélération et à ralentissement programmé. Et même des systèmes experts et des puces à logique floue. Le MITI a débloqué 34 millions de dollars sur 6 ans pour lancer un laboratoire international de recherche sur l'ingénierie des systèmes flous. En occident les dernières barrières ne sont plus que philosophiques.