Matériaux nouveaux - Mars 1990

Imaginez une matière plastique capable de se contracter ou de se dilater sous l'effet de la chaleur, de produits chimiques ou d'un courant électrique. Ce type de matériau bioélastique existe et pourrait révolutionner prochainement certaines applications médicales et chirurgicales.

Des équipes japonaises travaillant sur le muscle artificiel ont récemment réussi à fabriquer un polymère réagissant au passage du courant en se contractant. Leur but est de mettre au point une poire miniature implantée dans le corps. Remplie d'un médicament, cette poire pourrait se contracter sous l'effet d'une impulsion électrique programmée afin de libérer son contenu dans le courant sanguin. Autre application, des lentilles de contact autofocus faits de matériaux bioélastiques et changeant de courbure sous l'effet d'un faible courant. Aux Etats-Unis l'application la plus proche de la commercialisation concerne des feuilles et mousses bioélastiques destinées à la chirurgie abdominale pour éviter les adhérences et qui viennent de recevoir l'homologation de la FDA. Lorsque les études en cours auront démontré la parfaite compatibilité des matériaux bioélastiques avec les tissus humains d'autres application verront le jour. Par exemple des ligaments et des artères artificielles pour les membres supérieurs et inférieurs ou prochainement pour des artères coronariennes. Ces matériaux présentent en effet une endurance du même ordre que celle de l'élastine constituant naturel des artères et capables de milliards de contraction et de dilatations. Le marché américains des vaisseaux sanguins artificiels atteint actuellement 100 millions de dollars par an, il pourrait être multiplié par 4 si ces biomatériaux tenaient leurs promesses. Quand au coeur en plastique contractile il n'est vraiment pas pour demain !