Matériaux nouveaux - Décembre 1991
L'administration des médicaments dans le corps pose souvent des problèmes. Qu'il s'agisse de pilules, de piqûres ou de perfusions, la relation entre la dose administrée et les effets escomptés n'est pas toujours proportionnelle. Une concentration élevée par exemple en certaines zones ou le produit est administré peut avoir des effets secondaires importants.
C'est pourquoi les chercheurs de nombreux laboratoires pharmaceutiques dans le monde travaillent à la mise au point de systèmes à base de capsules ou de vésicules contenant les médicaments et capables de diffuser lentement leur précieux produit au cours du temps. La dernière née de ces capsules programmées est le fruit des recherches d'une équipe de l'Université de l'Utah aux Etats-Unis, dirigée par le Pr Sung Wan Kim. Son originalité est d'être contrôlable à distance par de très faibles courants électriques. Cette capsule est en effet fabriquée à partir de deux polymères formant un gel qui se dissout dans l'eau dès qu'il reçoit un très faible courant électrique. Les deux matériaux plastiques sont de l'acide polyacrylique et de la poly-éthoxyazoline. L'astuce des chercheurs a été de fabriquer des minuscules capsules en couches successives comme une pelure d'oignon ou un jeu de poupées russes. Les doses contrôlées du médicament (par exemple de l'insuline pour les diabétiques) sont renfermées entre chaque couche de la capsule. Au passage du courant électrique une couche est éliminée ce qui libère le médicament dans le corps. Ce processus peut être répété autant de fois que nécessaire. Avantage : des doses régulières et contrôlées et une grande rapidité de diffusion du produit. La capsule sera implantée sous la peau et le courant électrique programmée par un microprocesseur. Les applications sont nombreuses : administration d'insuline, de produits anti-douleur ou d'hormones. La pilule électronique, c'est pour demain !