Article de Joël de Rosnay pour le site "J'aime ma boite" illustré par une vidéo réalisée par Fabrice Otano, Directeur Business et Technologies chez Cap Gemini - Juillet 2013
La métaphore du surf est une base naturelle pour évoluer vers un modèle de vie adapté aux conditions particulières du monde dans lequel nous entrons.
Un monde de déséquilibres permanents exigeant des rétablissements en temps réel. D'où cette nécessité de recourir à la mobilité, l’anticipation, l’équilibre dynamique.
Le surf dans l’entreprise c’est la prise de risque. Une entreprise qui ne prend pas de risque ne peut évoluer. Sans développement, sans croissance, sans partage, elle reste à l’état statique et risque de disparaître.
Prendre des risques, c'est accroître ses chances de gagner. Pour cela, il faut affronter la peur de l'échec, de la faillite. C'est la prise de risque matérialisée par les nouveaux projets de recherche qui permet la découverte, l'invention, et en définitive, l'innovation, bénéfique pour la société toute entière.
Or, découverte, invention et innovation, vont à l'encontre de la stabilité des idées reçues et des situations acquises. L’innovation dérange. Elle créée des rejets, comme un système immunitaire qui se défend contre les antigènes étrangers qui cherchent à envahir les cellules. Il faut donc « ramer » pour surfer la vague des innovations.
L'ouverture d'esprit face à l'innovation est essentielle pour créer des synergies, des complémentarités, voire des amplifications permettant d'aller au-delà de l'idée originale.
Un bon exemple de financement de l'innovation est représenté par le capital-risque (Venture Capital). La notion de « venture » (aventure, aventureux) est importante et dynamique. Elle transcende le risque ou la peur qui souvent paralysent l’action. Elle exprime et traduit la notion de flux : flux d’idées (« deal flow », flux de dossiers d’investissement proposés aux capitaux-risqueurs) ; flux financier, seed money (capitaux ou fonds d’amorçage).
Ces formes de financement consistent à investir dans des sociétés à risques, des start-ups capables de créer des produits ou des services nouveaux. Ce processus pourrait s'appeler la « catalyse de l'innovation ». C'est pourquoi l'entreprise devra favoriser les intra-preneurs, c'est-à-dire des créateurs utilisant les outils du numérique pour être capables de surfer sur les innovations.
Des grandes entreprises internationales se dotent aujourd'hui de tels outils de communication en réseau du Net. On voit ainsi apparaître des Facebooks internes, l'utilisation de Twitter, de Wikis professionnels, de forums participatifs.
Longtemps considérés comme des outils de la NetGen et quelque peu méprisés par des dirigeants d'entreprises, ils trouvent aujourd'hui une place de plus en plus grande dans le surf interne et externe de l'entreprise. Ils fleurissent sur les intranets et sont utilisés, non seulement par la génération montante, mais par des seniors formés à cette culture du numérique intra-entreprises.
Pour bien surfer la vie dans « sa boîte », il faut aussi savoir se désintoxiquer du stress permanent lié à la compétition érigée en véritable règle de vie. Cette compétitivité permanente crée des conditions de déséquilibre psychologique, social et humain. C'est la voie vers le « mal être » qui frappe les individus. Un enjeu majeur au cœur des phénomènes planétaires, de la crise à la mondialisation.« Que le meilleur gagne ! ». Non pas le plus efficace ou le plus malin, mais le plus humain.
Joël de Rosnay
Conseiller de la Présidence
Cité des Sciences et de l'Insdustrie – La Villette – Paris – France
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