« Tant que mes muscles du dos me permettront de ramer, je surferai »
Joël de Rosnay, 83 ans, scientifique, écrivain. Pionnier de la pratique du surf en France.
« J’ai commencé le sport vers l’âge de 14 ans avec le hockey sur glace, le ski puis le surf, à la fin des années 1950. Ça a été une révélation. Le surf est le sport de ma vie, mais c’est plus qu’un sport, c’est une culture. À chaque fois que je sors de l’eau, je ressens un immense bien-être. Je remercie l’écosystème de m’avoir donné de belles vagues. Le sport en général, et le surf en particulier ,contribue inévitablement à ma longévité. Avec mon corps, j’ai une relation efficace et j’espère harmonieuse. Je sais
qu’il va me faire vivre, je l’entretiens donc très régulièrement. Je fais du sport quotidiennement, à raison de quarante-cinq à cinquante minutes. À la maison, j’utilise des machines : un vélo d’appartement, un elliptique et un rameur. J’ai aussi des poids et des élastiques sandow, avec lesquels je fais des extensions pour les jambes et les bras. Pendant longtemps, en surf,j’étais dans la performance. J’ai participé aux Championnats de France et à deux Mondiaux (en Australie, en 1964, et au Pérou, en 1965). Au Pérou, j’ai pris une vague de 5-6 mètres, la plus grosse de ma vie. J’ai eu assez peur, je suis tombé et j’ai perdu ma planche. Punition : 50 minutes de nage dans le courant pour revenir au bord, à bout de souffle et paniqué ! Je suis assez compétitif de nature, mais désormais c’est surtout la notion de plaisir qui m’anime, je suis ancré dans l’hédonisme. Évidemment, j’ai eu pas mal de blessures. J’ai été victime d’accidents au ski, je me suis fait mal à la clavicule, au coccyx, je me suis cassé des côtes… En surf, j’ai pris de gros coups en me prenant des planches sur la tête. Maintenant, je porte un casque. Je surfe généralement tous les jours, devant chez moi à Guéthary, sur la Côte Basque, et sur les spots de Cenitz et de Lafitenia. Même quand les conditions sont mauvaises, j’y vais, ne serait-ce que pour le plaisir de ramer. Et aussi parce que, comme ça, le jour où c’est beau, c’est encore meilleur. Autrefois, une session durait deux ou trois heures. C’est un peu moins désormais, entre une heure et demie et deux heures. J’aime surfer le matin, avant 8 heures et que le monde n’arrive. Et le soir , quand le vent se calme, entre 20 et 22 heures. J’adore surfer avec des copains. On se félicite d’ailleurs mutuellement après avoir pris une belle vague. J’espère pouvoir surfer jusqu’à mon dernier jour. Tant que mes muscles du dos me permettront de ramer, je surferai. Mon hygiène de vie a toujours été très équilibrée. En 1979, j’ai écrit un livre sur la malbouffe (la Malbouffe, éditions Olivier Orban). À l’époque, il a connu un succès phénoménal (400 000 exemplaires). Je fais très attention à la nutrition, j’évite de manger trop gras, trop sucré, trop salé, trop copieux. Je consomme surtout des légumes, des fruits, du poisson et des viandes blanches, et j’apprécie le thé vert et le jus de grenade. L’alcool est banni, mis à part un bon verre de vin chez des amis ou à la maison quand il y a une bonne occasion. Mon seul péché mignon est lechocolat noir. J’ai 83 ans et cette longévité ne me rend pas spécialement fier, elle me donne plutôt du plaisir . J’espère d’ailleurs vivre au-delà de 95 ans, pourquoi pas dépasser les 100 ans. »
Data
Joël de Rosnay, c’ est…
1,80 m pour 73 kg.
1 titre de champion de France de surf en 1960.
11 degrés, l’ eau la plus froide sur laquelle il a surfé, à Bidart (Pyrénées Atlantiques).
Une douzaine de planches de surf.
4 carrés de chocolat noir par jour.
18 livres parus, dont La Symphonie du vivant (Éditions LLL, 2018).