On assiste actuellement à de nombreux débats publics dans les pays européens sur le relèvement de l'âge de la retraite. Plusieurs d'entre eux se sont lancés dans des reformes destinées à résoudre les problèmes posés par l'allongement de la durée de vie et la faillite des systèmes actuels de retraites. Ce grand sujet est largement évoqué dans « Une vie en plus » (voir notamment François de Closets « Les deux fées », « La bombe longévité » et « Le travail en plus » p.153 à 201).
La France est pour le moment absente de ce grand débat citoyen, alors que l'Allemagne, l'Espagne et la Grande Bretagne prennent des dispositions pour repousser de 65 à 67 ans l'âge légal de départ à la retraite, comme le préconise le rapport Turner pour le Royaume-Uni.
On sait pourtant que pour favoriser la croissance et remédier aux problèmes de financement du système de protection sociale, les pouvoirs publics français, comme leurs homologues européens, veulent augmenter les taux d'emploi des seniors. Promouvoir le vieillissement actif est aussi un des objectifs de la stratégie européenne pour l'emploi définie à l'horizon 2010 par le Conseil européen de Lisbonne, en 2000. Le Conseil de Stockholm, en 2001, a fixé à 50 % la proportion des 55-64 ans qui devraient être alors en emploi dans l'Union européenne. Celui de Barcelone, en 2002, a prévu que l'âge moyen de sortie de l'activité soit relevé de cinq ans.
Or en France, la proportion de seniors exerçant une activité professionnelle est plus faible que dans la plupart des autres pays européens : environ 35 % seulement des 55-64 ans occupent actuellement un emploi (contre 70% en Suède), soit près de 5 points de moins que la moyenne de l'Union, loin de l’objectif moyen européen.
Comme nous le proposons dans notre livre, il est grand temps qu’un débat médiatisé s’instaure sur les enjeux économiques, politiques et sociaux de la « bombe longévité ».
Il faut espérer que les politiques français entendront tous ceux qui le réclament depuis plusieurs années.
Extraits de « Une vie en plus », p.204 :
« Si la longévité se démocratise, les tensions qui commencent à fissurer notre société n’en seront que plus fortes. (…) Les nouvelles découvertes déboucheront sur des applications dont la mise en œuvre sera de plus en plus probable. Les chercheurs ne vont pas s’arrêter de travailler sur ce sujet. Bien au contraire : il se présente comme un des grands enjeux de la biologie du 21ème siècle. La longévité deviendra donc une donnée incontournable pour l’humanité. C’est pourquoi il est grand temps, (…) d’ouvrir en France, et bien sûr dans toute l’Europe, un vaste débat public largement médiatisé, sur ses enjeux économiques, politiques et sociaux. »
Voici des articles récents ainsi que deux intéressants rapports, l’un public, l’autre privé, qui font le point de la situation :
Madrid propose une vaste réforme du système de retraites
Désireux de renforcer le rapport entre cotisations et prestations sociales, le gouvernement de José Luis Rodríguez Zapatero propose de reculer l'âge de la retraite et de pénaliser les départs anticipés. Les Echos, 01/12/05
Le report de l'âge de la retraite est envisagé dans d'autres pays européens
Les Echos, 01/12/05
Espagne, Allemagne et Royaume-Uni veulent retarder l'âge de la retraite au-delà de 65 ans
Le Monde.fr, 19-11-05
Rapports :
Accroître l'emploi des seniors : entre volontés et difficultés.
Synthèse actualisée d'un ouvrage collectif coordonné par F. Lerais et P. Marioni : « Dossier Âge et Emploi : synthèse des principales données sur l'emploi des seniors », Document d’études n°82, Dares (2004)
Du temps des “Vieux”au “Power Age” : la mutation des Seniors des années 2000.
L’Observatoire Sodexho de la Qualité de Vie au Quotidien