Dans « Une vie en plus », p.58, Dominique Simonnet pose la question suivante : « Faire de l’exercice est-il aussi un facteur de longévité ? ». Réponse de Joël de Rosnay : « Bien sûr ! L’exercice fabrique naturellement de l’hormone de croissance (à tous les âges) qui ralentit le vieillissement. Il augmente la vascularisation des muscles et accroît la transformation des graisses et des sucres en éléments utiles pour le corps, ce qui évite leur mise en réserve dans l’obésité. C’est donc un facteur de longévité que de pratiquer un exercice régulier, comme de la marche, du vélo, de la natation, du jogging lent (avec de bonnes chaussures !), de la gymnastique à la maison, des haltères. Ces sports-là ont un autre intérêt : ils créent une routine et sont hypnotiques. Ils nous placent dans un état propice à la méditation, donc font baisser le stress. »
Mais ce n’est pas tout : il semblerait, d’après des études très récentes, que l’exercice favoriserait également la croissance des neurones dans le cerveau, alors qu’on pensait généralement que ces cellules ne se divisaient plus au cours de la vie.
Faire de l’exercice, même après 60 ans, pourrait contribuer à rendre le cerveau plus performant ! Le Pr Fred Gage et ses collaborateurs du Salk Institute à San Diego en Californie, viennent de démontrer qu’il n’est jamais trop tard pour se faire du bien. Ces chercheurs ont découvert que des veilles souris sédentaires réussissaient mieux dans des tests cognitifs et bénéficiaient d’une croissance de nouveaux neurones, après qu’elles aient été entraînées à utiliser régulièrement une roue à l’intérieur de laquelle elles couraient à intervalles réguliers. Fred Gage et son équipe ont étudié 15 souris jeunes et 18 souris âgées, équivalentes en terme humain à des personnes de 70 ans. Des roues d’exercice ont été placées dans la cage de la moitié de cette population. L’autre moitié n’a eu aucune modification de son environnement. Au bout d’un mois, l’ensemble des souris a été testé pour leurs capacités cognitives, en utilisant des labyrinthes complexes dans lesquels la souris devait se souvenir de la position d’une plateforme submergée dans une eau trouble. Les souris âgées ayant pratiqué un exercice régulier retrouvaient la plateforme aussi rapidement que les jeunes souris. Mais l’autre moitié, celle des souris âgées, privées de la roue d’exercice, mettaient deux fois plus de temps à retrouver la plateforme. Plus tard, l’équipe du Salk Institute, découvrait que des nouveaux neurones avaient poussé dans le cerveau des souris sportives mais pas dans celui des souris inactives ! Il semblerait que l’exercice remette en route des processus de croissance de nouveaux neurones, sans doute à partir des cellules embryonnaires présentes dans le cerveau. Mais pour en être certain il faudra bloquer la genèse de ces nouveaux neurones chez les souris âgées pendant leur course et vérifier ensuite que les effets cognitifs et de mémorisation disparaissent eux aussi. Les expériences sont en cours et leurs résultats… très attendus !
Pour en savoir plus, suivre ces liens :
http://www.jneurosci.org/cgi/content/abstract/25/38/8680
http://www.erudit.org/revue/ms/2002/v18/n11/000459ar.html
http://www.lecerveau.mcgill.ca/flash/capsules/histoire_bleu05.html