21/04/2002
Les objets vont devenir “intelligents”. Ils vont communiquer entre eux créant des environnements interactifs dans des lieux divers, maison, bureau, hôtels, entrepôts, magasins...
Cette révolution technologique aura un impact déterminant sur de nombreux secteurs de notre vie quotidienne. Elle repose sur l’identification de chaque objet, l’interrogation à distance de cette l’identité et la connexion sans fil de ces étiquettes intelligentes à Internet pour accéder à des bases de données. Des entreprise pourront ainsi suivre en temps réel leurs produits depuis la production et les stocks jusqu’à la livraison. Les visiteurs d’une exposition recevront sur leur « pocket PC » des informations sur le tableau ou le stand devant lequel ils se trouvent. L’acheteur d’une grande surface n’aura plus à faire la queue pour attendre que les produits de son caddie soient analysés un par un par un lecteur de code bar : toutes les étiquettes intelligentes seront lues en vrac et même à travers les paquets à une distance comprise entre 1m50 et 5 m. Aujourd’hui 5 milliards de code bar sont scannés chaque jour dans 140 pays, faisant de cette technique le plus important outil de commerce électronique au monde, devançant largement les sites Web de e-commerce. Mais cette suprématie touche sans doute à sa fin avec l’arrivée des RFID’s, les « radio frequency identification systems » ou « smart tags ». Il s’agit de puces électroniques minuscules (quelques millimètres carrés) jouant le rôle de transpondeurs et pouvant être placées dans les objets les plus divers. Dotés d’une mémoire de 96 bits, ils permettent l’identification, la description de l’objet et l’obtention d’autres informations détaillées par connexion à des bases de données sur Internet. Des trillions de trillions d’objets différents peuvent être ainsi reconnus. A titre d’exemple, avec seulement 54 bits on peut identifier individuellement chaque grain de riz consommé sur la planète en une année ! De puces implantables existent déjà, notamment pour identifier des pièces détachées, des animaux d’élevage ou de laboratoire, voire des animaux de compagnie, mais leur coût (autour de 1$) est beaucoup trop élevé. Les technologies actuelles de production des RFId’s, développées notamment par Motorola ou Alien technology permettent d’obtenir les « tags » à un prix de 10 cents et bientôt à 1 cent. Grâce à une technique d’auto assemblage en lit fuidifié (FSA : fluidic self assembly), Alien produira million de tags par mois dès Juin 2003 et 5 milliards par an en 2005. Des entreprises de taille mondiale ont déjà rejoint le MIT Auto ID Center pour étudier les multiples applications des RFID’s : Gillette, Wal Mart, Kraft , UPS, Coca Cola, Pepsi Cola, Procter and Gamble, Sun, NCR...Leur objectif : accélérer les chaînes de production, faciliter la « supply chain », améliorer la gestion des stocks et la distribution, favoriser le recyclage, et fournir des information au domicile de leurs clients. Bientôt, grâce aux « smart tags » on pourra repérer en une seconde un livre précis parmi les milliers de documents de sa bibliothèque personnelle. Mais on ne pourra plus sortir de son armoire à pharmacie deux médicaments incompatibles sans déclencher une alarme, ni laver dans la même machine deux vêtements susceptibles de déteindre l’un sur l’autre...Ces applications illustrent les aspects positifs de l’usage des RFID’s, mais il faudra demeurer vigilants sur les dérives possibles de cette technologie, surtout dans le cadre des atteintes à la vie privée.