16/03/2002
Dans moins de 2 ans, le terme « WiFi » sera aussi célèbre que celui de « Web ». Nous sommes en train de construire de proche en proche une « toile » sans fils, interconnectant à haut débit les ordinateurs, les PDA, les pocket PC et les téléphones portables.
C’est une révolution comparable à celle d’Internet qui se prépare. Elle va mettre en cause les stratégies des grands opérateurs de télécoms et des fournisseurs d’accès, tandis les promesses des services de télécommunications, sous la norme G3/UMTS, devront être revues de fond en comble.
On sait que l’explosion de la Wifi à l’échelle mondiale, est rendue possible par l’émergence des normes 802.11a et 802.11b de l’IEEE (Institute of Electrical and Electronic Engineers : http://www.ieee.org ). Avec un investissement limité – un nœud de réseau (l’émetteur) coûte en France moins de 500 € et une carte de réception PCMCIA moins de 300€ (contre 80$ aux USA) - on peut émettre dans un rayon de 100 à 300 mètres vers un PC. Il suffit qu’un seul de ces nœuds soit connecté à une liaison haut débit (câble ou ADSL) pour que tout PC, ou PDA situé dans une zone de réception puisse entrer gratuitement sur Internet. La bande de fréquence (2,4 gigahertz) est en effet gratuite à la différence de celle de l’UMTS pour laquelle des sommes considérables ont été investies par les opérateurs contre des retours sur investissement encore hypothétiques. Les réseaux Wlan (wireless local area networks) utilisant WiFi sont particulièrement adaptés aux associations, écoles, PMI et surtout aux « Hot Spots » (aéroports, gares, hôtels, restaurants, centres de congrès, foires expositions, musées, campus universitaires…). Grâce à une antenne on peut prolonger l’émission WiFi jusqu’à 5 ou 10 Km et relier ces communautés entre elles. La particularité de ce phénomène est que les réseaux se développement de proche en proche, du « bas vers le haut » (bottom up) plutôt que du « haut vers le bas » (top down). Des micro-réseaux deviennent des réseaux de quartier, puis urbains, puis internationaux avec des relais « ad-hoc ». Aux Etats-Unis, les produits destinés aux réseaux WiFi (émetteurs, cartes de réception...) sont actuellement en tête du « hit parade »des sites de commerce en ligne. Un nouvel Internet est en train d’émerger, moins dépendant des réseaux officiels des opérateurs et des accès payants des grands fournisseurs (ISP) et s’adaptant parallèlement à un autre phénomène, celui du « peer to peer » pour les échanges de musiques, video, textes, expertises...
En Finlande, la société WNS (Wireless Network System : http://www.wnsonline.net) propose déjà un réseau de ville permettant de téléphoner et d’échanger des documents nécessitant le haut débit pour un prix 10 à 100 fois moins élevé que ceux pratiqués par les opérateurs. La société Gric (http://www.gric.com) propose des connexions par Wifi dans des grandes villes mondiales et des « hot spots ». Plus audacieux encore, la start-up Boingo Wireless, (http://www.boingo.com) crée par Sky Dayton le fondateur (millionnaire) de EarthLink, lance un service commercial à très bas prix pour unifier des myriades d’opérateurs Wlan, tandis qu’une autre, HereUare (http://www.hereuare.com), vend déjà ses services dans les lieux publics.
La Wifi se développe donc à une vitesse exponentielle. On parle même de « viral telecom », télécommunications « virales ». Les partisants de la G3/UMTS affirment que la Wifi est un produit de niche sans avenir et mettent en avant la faiblesse de son système de sécurisation, ce qui est vrai, pour le moment... Dans un proche avenir, il est probable que les deux systèmes coexisteront. Mais en attendant, une féroce bataille se prépare. Il faut espérer que les gagnants seront à la fois l’usager et la cyberdémocratie.