Biologie - Janvier 1990
Allons nous bientôt récolter des produits pharmaceutiques de grande valeur dans des champs cultivés ? c'est une des dernières surprises des biotechnologies.
Après la fabrication d'insuline par des bactéries reprogrammées, voici la production d'anticorps par des plantes modifiées par génie génétique. Il s'agit dans ce cas d'anticorps susceptibles de traiter de nombreuses maladies ou de dépolluer l'environnement. Les anticorps sont des molécules de protéines essentiels aux mécanismes de défense immunitaire. Ces molécules ont une forme de Y avec des extrémités variables capables de s'adapter aux molécules d'antigène sur lesquelles elles se fixent. Des chercheurs de la Scripps Clinic en Californie ont réussi à introduire dans le plant de tabac des gènes d'anticorps provenant de souris. En faisant pousser ces plantes modifiées et en les croisant entre elles, ils ont pu produire des anticorps fonctionnels identiques à ceux de la souris, mais produit pour la première fois par une plante. Les chercheurs vont prochainement tenter la même expérience sur le plant de soja.
Les avantages de cette production végétale de protéines animales sont nombreux. On pourra par exemple dépolluer des réserves en eau en utilisant des plantes modifiées produisant des anticorps capable d'absorber des polluants dangereux comme les PCB ou des herbicides. Elle agiront comme des éponges ou des filtres retenant les produits toxiques. Autre application, la fabrication de produits pharmaceutiques à usage humain ou des antivirus protégeant les récoltes. Le coût de la production agricole de ces anticorps serait sans commune mesure avec les prix actuels. Un g d'anticorps spécifiques coûte aujourd'hui entre 12.000 et 30.000 F à la production contre 600 F le kilo par les futures techniques agricoles. De quoi faire réfléchir l'industrie pharmaceutique.