Communication - Janvier 1990
L'Europe va-t-elle se doter d'un système nerveux électronique pour accélérer l'avènement du grand marché ? Il existe déjà les réseaux de communication téléphonique, les réseaux informatique et de télécommunication, les canaux de la télévision. Pourtant ces systèmes restent encore incompatibles.
C'est Babel. Pour remédier à cette situation anarchique, les 12 viennent de prendre une décision importante. A l'initiative de la France la communauté européenne va lancer un grand programme de recherche et de développement. Son objectif : relier tous les réseaux électroniques européens dans un immense système supranational appelé ENS ou European Nervous System, le Système Nerveux Européen. Un nom aux consonances biologiques, étonnant dans l'univers des ingénieurs de l'informatique et des télécommunications. La France y a évidemment intérêt. Riche de 5 millions de minitels et de près de 10.000 services télématiques, elle est en mesure de proposer des standards facilitant les transferts d'informations. Des projets pilotes permettront de définir les interfaces entre réseaux publics et privés. Les ordinateurs pourront ainsi se parler grâce à une sorte d'espéranto électronique. Les avantages du Système Nerveux Européen sont nombreux : échanges transfrontières de données médicales, fiscales, commerciales, mais aussi criminelles ou concernant la sécurité sociale. Ces échanges vont accélérer le mouvement des biens, des services, des personnes ou des capitaux. Mais déjà les verts s'inquiètent. Ce mégaréseau risque d'interférer avec la vie privée des individus. Il faudra certainement des mesures de sécurité et des réglementations draconiennes pour éviter l'avènement d'une sorte de "Big Brother" Européen.