Biologie - Mai 1995
Des vampires et des vipères pour lutter contre les maladies cardiaques : c'est la dernière découverte de chercheurs et non comme on pourrait le croire les ingrédients de base d'une recette de sorcière !
Grâce aux biotechnologies on peut extraire de ces animaux inquiétants des substances naturelles dotés d'un grand intérêt pharmaceutique. Une protéine extraite du vampire va peut-être sauver des milliers de personnes des effets des crises cardiaques. Des chercheurs de Rhone-Poulenc ont en effet découvert dans la salive des vampires un produit qui empêche le sang de coaguler pendant que le sinistre animal mord ses victimes. D'où l'idée d'utiliser cette substance pour dissoudre les caillots sanguins à l'origine des infarctus. Les effets sont spectaculaires : cet anticoagulant débouche les artères deux fois plus vite que le TPA (le Tissue Plasminogen Activator), considéré jusqu'à présent comme le nec plus ultra des nouveaux produits anti-infarctus. Rhône Poulenc vient de déposer un brevet pour un médicament produit à partir de cette protéine de vampire et baptisé fort justement Draculine. Autre ingrédient du brouet des sorcières, la vipère et son redoutable venin. Des chercheurs de la société Genentech ont analysé la structure d'une protéine extraite du venin mortel d'une vipère de Malaisie. Cette substance appelé Kistrine accélère les effets des agents anticoagulants. Toute une panoplie de produits efficaces se présente désormais pour combattre le tueur numéro un que sont les maladies cardio-vasculaires. Pour fabriquer la Draculine, les chercheurs n'auront pas à collecter la précieuse protéine à partir d'élevages de vampires car le gène à été introduit dans des cellules en culture. On pourra ainsi fabriquer par génie génétique les quantités d'anticoagulants nécessaires aux essais à grande échelle, puis à la production du médicament. Le brevet de la Draculine a été déposé dans 80 pays.