Biologie - Novembre 1994
Comment les archéologues parviennent-ils à reconstituer le mode de vie de peuplades disparues depuis plus de 10 OOO ans ?
En observant et en analysant tout ce qu'ils retrouvent, en particulier des morceaux de squelettes. En général on utilise des spectromètres de masse pour analyser des isotopes ou des technique de génie génétique, comme la PCR (la polycopieuse génétique) pour analyser des traces d'ADN. Cette fois pas de hautes technologies, mais une connaissance historique et géographique considérable, sur laquelle s'appuient les équipes de chercheurs pour fouiller centimètre par centimètre les sites archéologiques. C'est de cette manière qu'a été étudié depuis plus de vingt ans par des équipes britanniques le site d'Abu Hureyra en Syrie. Ces équipes ont pu y déceler grâce aux ossements qui ont été dégagés, quelques caractéristiques essentielles de la vie des habitants de cette zone. Des habitants de l'époque pré-néolithique, c'est-à-dire vivant il y environ 10.000 ans. Les archéologues ont pu montrer par exemple que les femmes de cette époque devaient passer plusieurs heures par jour à broyer des céréales sur une meule. Ce qui a été prouvé par des déformations du squelette, en particulier du gros orteil, de la jambe et des vertèbres. Une hypothèse évidemment étayée par la découverte de ces meules dans les fouilles. Des pierres plates servant en effet à broyer le grain à la main. L'usure des os est telle que cette occupation devait être quotidienne et menée à genoux de manière à ce que le corps tout entier puisse participer à l'effort. De même, les dentitions retrouvées permettent de penser qu'on broyait les céréales avec les dents pour obtenir une espèce de farine. On utilisait aussi les dents pour tresser. Comme le démontrent cette fois des rainures profondes entre les dents signalant que les femmes tiraient ainsi sur des tiges des plantes textiles. Autant de connaissances qui nous éclairent aussi sur la répartition des rôles sociaux à une époque fort lointaine.