Communication - Octobre 1994
Le succès des lancements de satellites par la fusée Ariane est devenu si fréquent que l'on ne parle plus guère de ses performances sauf rares accidents ! Or, dans un an, fin 1995, c'est une nouvelle Ariane, Ariane 5 qui entrera sur la scène spatiale.
Il faut savoir en effet que cette activité de lancement de satellites est l'objet d'âpres concurrences technologiques et commerciales. Deux géants s'y affrontent: l'Europe avec Ariane qui détient plus de 60% du marché mondial des lancements des satellites commerciaux et les Etats-Unis avec leurs navettes spatiales. Dans le premier cas, il s'agit d'un lanceur qui sert une fois et une seule, dans l'autre, la navette, habitée par l'homme, qui revient sur terre. La concurrence porte bien entendu sur la fiabilité, les conditions de prix des mises sur orbites des satellites et les disponibilités des transporteurs. Mais depuis quelques années, deux autres critères entrent aussi en jeu: le nombre croissant des satellites à placer sur orbite et leur taille, c'est à dire leur poids. Pour répondre à la demande qui s'accélère, Ariane a donc fait évoluer ses caractéristiques techniques et ses performances, en particulier ses moteurs. Je rappelle au passage que la maîtrise d'oeuvre en est assurée par la SEP (Société européenne de propulsion) basée en Normandie, à Vernon. Aujourd'hui, Ariane 4 qui, pour s'adapter aux besoins, peut prendre six configurations différentes, place sur orbite de transfert géostationnaire des satellites de 2 à 4,7 tonnes. Elle fait alors appel à 6 ou 10 moteurs selon les charges à satelliser. Demain, Ariane 5 sera capable de transporter des charges de 5,9 à 18 tonnes. Elle utilisera dans tous les cas ce que l'on appelle un bi-étage composé de deux propulseurs à ergols solides particulièrement puissants. Puis suit un étage cryotechnique composé d'un réservoir à deux compartiments, l'un d'hydrogène liquide, l'autre d'oxygène liquide nécessaires au fonctionnement du moteur. Un moteur dix-huit fois plus puissant que celui d'Ariane 4, et qui porte le nom évocateur de Vulcain.