Biologie - Février 1994
L'asthme reste une maladie mystérieuses. Elle touche dans le monde 5 à 10% des populations, ce qui est une proportion considérable. Des chercheurs français de l'INSERM ont découvert une piste qui pourrait s'avérer féconde dans la prévention et le traitement de l'asthme.
Parmi les formes de la maladie il faut distinguer l'asthme intrinsèque de l'asthme allergique. La première forme est due à des mécanismes internes chroniques déclenchant des crises en permanence. L'autre à des réactions brusques se produisant lors d'exposition du malade à des facteurs d'environnement ou à des conditions psychologiques particulières. L'hypothèse la plus largement admise aujourd'hui est que l'asthme résulte d'un mécanisme auto-immunitaire. C'est à dire un processus pathologique au cours duquel les défenses naturelles du corps se retournent contre lui au lieu de le protéger de l'action d'agresseurs extérieurs. Certaines cellules immunitaires comme les cellules T (appartenant à la famille des globules blancs) deviendraient hyperactives et déclencheraient une attaque auto-immune. L'équipe de chercheurs de l'INSERM dirigés par Philippe Lassale de L'Institut Pasteur de Lille s'est demandée si des signes de ce dérèglement pouvaient être mis en évidence chez les asthmatiques. Ils ont recherché dans le sang des malades des anticorps spécifiques, preuve que le système de défense réagit à l'agression interne. Un anticorps est une protéine de défense qui reconnait un antigène (l'attaquant) et s'y attache en le désactivant. Leur effort a été couronné de succès. Ils ont identifié un auto-anticorps dans le sang de 36 patients asthmatiques sur 97 examinés, mais aucun anticorps chez 28 témoins sains et les 61 autres asthmatiques. Ceux qui portent l'antigène appartiennent tous à la catégorie des asthmatiques sévères. En attendant la compréhension des mécanismes qui déclenchent les crises, la détection de cet anticorps va permettre un diagnostic plus précis et surtout une thérapeutique mieux ciblée de la maladie.