Biologie - Mars 1994
La biologie va utiliser le bon vieux principe de la rustine. Ce petit morceau de caoutchouc qu'on colle sur les trous des chambres à air pour réparer une crevaison.
Des chirurgiens commencent à utiliser des bandes adhésives collées sur des artères ou sur des blessures pour ressouder des vaisseaux ou éviter des infections. C'est le même principe que le sparadrap qu'on se colle sur la peau après une coupure. Mais un sparadrap qui disparaîtrait après avoir rempli sa fonction. Par exemple après une opération cardiaque qui a conduit au nettoyage des artères pour les déboucher, des caillots peuvent se former, particulièrement aux endroits en cours de cicatrisation. Un cercle vicieux se met en place avec une surproduction de facteurs de coagulation qui risque à nouveau de reboucher les artères. Les médicaments anticoagulants peuvent agir mais ont des effets secondaires. Idée : revêtir les parois des artères d'un polymère protecteur qui se dissout après la cicatrisation. C'est ce qu'a réalisé la société Focal Inc de Cambridge. Un polymère liquide est injecté dans les vaisseaux. Un faisceaux lumineux introduit dans les artères grâce çà une fibre optique durcit le liquide en une couche protectrice ultramince de l'épaisseur de 3 globules rouges ! La paroi est protégée, la coagulation réduite et la cicatrisation accélérée. Quant au polymère il disparaît tout seul. Autre application de ces rustines biologiques, un autre polymère développé par l'Université d'Austin au Texas qui lui est étalé sur des blessures ou les brûlures. Il est ensuite durci à la lumière et colle à la surface de la peau protégeant la blessure des bactéries et donc de l'infection. Il est totalement biocompatible car composé à 95% d'eau, le reste étant de l'acide lactique et du polyéthylène glycol. Les cellules du corps le mangent ensuite et le détruisent en le transformant en composants de base inoffensifs. Quand à la cicatrice elle est propre et nette. ce qui est important notamment pour la chirurgie esthétique.