Environnement- Mai 1991
Cinq ans après la catastrophe de Tchernobyl il y a encore en Suède et en Norvège des rennes et des moutons radioactifs. Ces animaux broutent des lichens contaminés par du césium 137 dont la durée de demie-vie est de 30 ans.
Mais il y a pire : des centaines de milliers de personnes en Scandinavie et en Union soviétique surtout en Biélorussie, en Ukraine et en Russie continuent de consommer de la viande radioactive. Pour se débarrasser d'un tel danger la solution radicale consiste à sacrifier les animaux contaminés. Mais on estime qu'en Norvège plus de 10.000 rennes et 120.000 moutons broutent des pâturages contaminés. Comment éliminer ce dangereux césium? Des chercheurs norvégiens ont trouvé une solution encourageante pour l'avenir. Ils ont eu l'idée d'ajouter à l'alimentation de ces animaux un colorant bleu largement répandu que l'on retrouve aussi dans la palette des peintres. Il s'agit du bleu de Prusse une grosse molécule capable de piéger le césium radioactif en l'enfermant dans une sorte de cage miniature dont il ne peut plus s'échapper. La taille de la molécule de colorant l'empèche de passer dans la circulation sanguine ce qui conduit à son élimination par la voie intestinale avec le césium qu'elle transporte. Ce produit radioactif se retrouve dans la bouse des animaux, mais attaché par des liens chimiques il n'est pas réabsorbé par les plantes. Les essais montrent que le bleu de Prusse n'est pas toxique et qu'heureusement il ne colore pas la viande. Pour l'administrer en continu on fait avaler par les ruminants une sorte de capsule qui reste pendant deux mois dans la panse. Les résultats sont spectaculaires : la radioactivité de la viande est réduite de 50 à 75% et celle du lait de 80%. Enfin une lueur d'espoir dans le monde de l'après Tchernobyl !