Informatique - Janvier 1989
Il va falloir désormais abandonner une idée réçue : les japonais ne sont plus des habiles copieurs, mais de réels innovateurs. L'ordinateur en apporte la preuve grâce à une technique révolutionnaire.
Son principe est simple : dans un texte de dépôt de brevet chaque inventeur doit citer ce qu'on appelle "l'art antérieur", c'est à dire les brevets déjà déposés et qui se rapportent à son invention. Cette règle a été mise à profit par une entreprise du New Jersey, Computer Horizons. Cette entreprise a extrait pendant plusieurs années les références des brevets les plus souvent cités. Il a fallu pour cela traiter des millions de références contenues dans les banques de données sur les brevets déposés aux Etats-Unis. Surprise : depuis un peu plus de dix ans, les japonais semblent être parvenus à un niveau d'innovation supérieur à celui des américains. Dès 1976, leurs brevets sont plus souvent cités que ceux des américains. Et ceci dans des domaines industriels déterminants comme l'automobile, l'informatique, la reprographie, les caméras, les magnétophones ou les magnétoscopes. En tête de ce "hit parade" on trouve des brevets pris en 1975 par Nissan Motor sur un carburateur contrôlé par microprocesseur; par Yamaha pour un instrument de musique électronique; ou en 1979 par Takeda Chemical pour un antibiotique. La technique informatique utilisée permet d'aller encore plus loin. En particulier on peut évaluer la capacité d'un bon brevet à bloquer tout un secteur d'innovation industrielle. On peut aussi analyser les secteurs sur lesquels semblent porter les priorités des laboratoires de recherche japonais. Et c'est pourquoi (vous vous en doutez) cette méthode intéresse beaucoup plusieurs pays européens.