Informatique - Janvier 1993
Une nouvelle technique informatique passionnante et inquiétante est en train de naître. Par référence à la biologie et en particulier aux techniques de clonage génétique, je propose de l'appeler le clonage virtuel.
Elle consiste à numériser la forme du visage et du corps d'un être humain ainsi que sa voix et à stocker ce clone virtuel dans une banque de données informatisée pour une utilisation ultérieure. En ce moment même un très talentueux réalisateur, Didier Pourcel (créateur de la société Gribouille) tourne "20000 lieux sous les mers" de Jules Vernes entièrement en images de synthèse. Le rôle du Capitaine Nemo est tenu par Richard Bohringer qui a accepté d'être analysé par un laser pour produire son jumeaux informatique. Des capteurs ont été placés sur ses mains, ses jambes, ses pieds afin de numériser tous ses mouvements dont les différentes exécutions ont été stockées en mémoire. A partir de phonèmes et de phrases types enregistrées par Bohringer, un logiciel développé par Softimage permet d'animer les lèvres du clone virtuel de l'acteur et de restituer l'expression liée à chaque forme d'élocution. Ce jumeau électronique peut être ainsi injecté dans toutes les scènes que l'on désire tourner et dans le décor que l'on veut, l'ordinateur recréant les mouvement et les déplacements souhaités par le réalisateur. Le clonage virtuel conduit à des développements extraordinaires et angoissants ! Il serait relativement facile par exemple de fabriquer un clone virtuel hybride composé du corps de Schwarzeneger et du visage de Coluche. A partir du moulage d'un personnage célèbre conservé au Musée Grévin il est possible de recréer un clone virtuel et de l'animer. Imaginez celui d'un homme politique introduit par trucage dans une réunion compromettante! A l'avenir, il faudra prendre des précautions juridiques sur l'utilisation éventuelle de son jumeau informatique. Le clonage virtuel va sûrement donner du pain sur la planche aux futures commissions d'info-éthique!