Communication - Août 1990
Des chenilles qui font des claquettes sur des feuilles pour s'attirer l'attention des fourmis, cela parait digne d'une nouvelle de science fiction. C'est pourtant ce qu'a découvert un chercheur de l'Université du Texas, Philip de Vries en espionnant ces insectes avec un microphone hypersensible.
Les populations de certaines chenilles sont constamment attaquées par des guêpes ou d'autres prédateurs qui déciment leurs rangs. Or les fourmis savent elles se protéger contre ces envahisseurs qu'elles attaquent en masse. Les chenilles ont réussit au cours de l'évolution à capter certaines caractéristiques du langage des fourmis et à les utiliser comme base d'une étonnante coopération. Les fourmis ainsi attirées sont récompensées par des sécrétions de protéines et de sucres fabriquées par les chenilles. A leur tour les fourmis leur servent de gardes du corps contre les guêpes. Il se crée ainsi une forme d'association très fréquente dans le monde vivant (une symbiose) dans laquelle deux espèces ont besoin l'une de l'autre pour survivre. Afin de constituer un réseau de communication compréhensible par les fourmis, les chenilles effectuent des sortes de danses de claquettes en faisant vibrer les tiges et les feuilles des plantes sur lesquelles elles se nourrissent. Elle utilisent pour cela des organes spéciaux (des papilles vibratoires) produisant des sons transmis par le support végétal. C'est ce rythme ressemblant au staccato des balais d'une batterie de jazz qui a été enregistré par le microphone de Phillip de Vries. Ses expériences démontrent que les chenilles incapables de communiquer sont tuées par les prédateurs. En revanches celles entourées de leurs gardes du corps fourmis se transforment en papillons, se reproduisent et assurent ainsi la perpétuation de l'espèce.