Matériaux nouveaux - Janvier 1990
Le monde des insectes et des crustacés est peut-être une mine d'or pour l'industrie. Une nouvelle source pour des matériaux du futur aux nombreuses applications dans la chimie, la pharmacie, l'industrie agro-alimentaire et des produits cosmétiques.
Les milliards d'insectes, de champignons et de crustacés qui vivent sur la terre et dans les mers produisent une substance extraordinaire jusqu'à présent considérée comme un déchet sans valeur commerciale. Cette substance s'appelle la chitine, c'est le biopolymère naturel le plus abondant après la cellulose des végétaux, une longue molécule faite comme elle d'éléments de construction à base de glucose mais contenant de l'azote. La chitine est le principal constituant de la peau des insectes (la cuticule) ou du squelette externe des crustacés. Compte tenu de la consommation mondiale de crustacés ou de fruits de mers par les hommes on imagine les tonnes de chitine perdue dans les déchets. Récemment des chimistes ont trouvé le moyen de récupérer ce précieux produit naturel et de le transformer en matériaux nouveaux aux propriétés extraordinaires. Des brevets ont été déposés et la compétition industrielle promet d'être sévère car on estime le marché de ces produits à plus de 2 milliards de dollars au cours des années 90. Les applications concernent la médecine pour des produits anticoagulants et des prothèses ; l'industrie photographique pour de nouvelles émulsions ; l'industrie textile pour faciliter la teinture de fibres synthétiques ; l'industrie agro-alimentaire pour des additifs, des conservateurs ou des emballages. Et même des produits détergents, le revètement de papiers spéciaux ou le traitement de l'eau. Déjà des géants de la chimie comme Union Carbide, Dupont, Fuji ou 3M prennent position, face aux petites entreprises de biotechnologie spécialisées dans une étrange matière première pour la chimie de demain les insectes, mollusques et crustacés.