Par Guillaume Champeau.
A qui s'adresse le droit d'auteur aujourd'hui et à qui s'adressera-t-il demain ? Réservé hier à une poignée de professionnels, l'auteur du droit d'auteur devient indissociable du consommateur. Une étude de Yahoo le démontre encore...
Nous sommes tous des auteurs. Dès lors que nous postons des messages sur un forum, que nous éditons un wiki, que nous publions nos billets d'humeurs sur un blog ou notre musique sur Jamendo... nous sommes tous auteurs. Le code de la propriété intellectuelle réserve cette qualité "à celui ou à ceux sous le nom de qui l'oeuvre est divulguée". Définition très large qui exclue volontairement toute notion artistique pour accorder protection des droits à tous ceux qui, professionnels ou non, éditent des oeuvres. Là encore, les oeuvres sont protégées "quels qu'en soient le genre, la forme d'expression, le mérite ou la destination".
Selon une étude dévoilée par Yahoo et rapportée par NetEco, "près de 71% des internautes de 16 à 34 ans se déclarent prêts à produire leur propre contenu sur le web et 37% d'entre eux se disent également disposés à compléter sur internet les informations proposées par les médias classiques". En décembre, Médiamétrie nous apprenait que 2,3 millions de Français, soit un internaute sur 10, avait déjà créé son blog, et que près de 30% des internautes français les lisent ! AgoraVox, le journal citoyen français, compte déjà plus de 7000 articles en moins d'un an d'existence, écrits par plus de 2000 internautes. En Corée, OhMyNews compte environ 40.000 rédacteurs avec un lectorat qui dépasse le million de lecteurs quotidiens, et une influence telle que le journal citoyen (écrit par des bloggeurs) est réputé avoir participé à l'election du Président Roh Moo-hyun, qui lui a même accordé sa première interview ! En musique, Jamendo distribue librement plus de 600 albums, 500 concerts, et 6000 titres de plus d'un millier d'artistes. Tous prétendent à la protection du droit d'auteur, et la plupart ont une conception du droit d'auteur bien différente de celle des titulaires historiques de Droit, que Joël de Rosnay et Carlo Revelli nomment les "infocapitalistes".
Il faut donc prendre avec beaucoup de recul les déclarations de soit-disant "représentants des auteurs" qui prétendent que la loi protège "les auteurs". Ils protègent une certaine catégorie d'auteurs, qui ne sont plus ceux d'aujourd'hui, et seront de moins en moins ceux de demain...