Biologie - Octobre 1988
Les progrès du génie génétique sont spectaculaires. Une des récentes applications de ces techniques ouvre la voie à la modification à volonté de la couleur des fleurs.
Comment procèdent les chercheurs ? tout repose sur l'utilisation de certaines molécules portant une information perturbant la synthèse de protéines.
Ces molécules s'appellent des "ARN anti-sens". De quoi s'agit il ? je vous rappelle que les plans héréditaires de fabrication des protéines sont renfermés dans l'ADN du noyau des cellules. Une copie de ces plans (sous la forme d'ARN messager) active les machines à fabriquer les protéines.
Imaginez que la molécule d'ARN messager soit une ligne de caractères d'imprimerie portant l'information en relief. Si on fabrique une ligne qui porte un message exactement inverse du premier, et qu'on la superpose à la première, les pleins vont remplir les creux. L'information de départ est annulée.
C'est l'équivalent d'un ARN anti-sens. En l'injectant dans les cellules de plantes cultivées en éprouvette on peut bloquer sélectivement une fonction précise.
Par exemple. Le fleur de pétunia est rouge. Cette coloration est due à des pigments : les flavonoïdes. Grâce à l'ARN anti-sens on bloque un enzyme qui joue un rôle déterminant dans la synthèse de ces pigments. Résultat : des pétales blanches !
Cette technique peut aussi conduire à l'accumulation (dans les cellules végétales cultivées in vitro), de molécules ayant des applications médicales ou agro-alimentaires, par exemple des arômes, des colorants alimentaires ou des essences de parfums.
Mais l'utilisation des ARN anti-sens ne s'arrète pas là. On envisage de nombreuses autres applications dans le domaine animal, notamment pour désactiver des virus.