Biologie - Mars 1989

Le problème du dopage des sportifs reste d'actualité. On l'a vu avec les retombées de l'affaire Ben Johnson.

Un produit nouveau et indétectable peut remettre tout en question. Il s'agit de l'érythropoiétine ou EPO, fabriqué par les biotechnologies.

L'EPO est une hormone protéique naturelle qui stimule la moelle osseuse et active la production de globules rouges. Elle permet aujourd'hui de traiter des anémies graves.

On l'obtenait jusqu'à présent par extraction, mais en quantité très faibles. Grace au génie génétique, on peut en obtenir des quantités importantes.

L'érythropoiétine produite par des entreprises comme Amgen (Epogen) ou Johnson and Johnson sert surtout à traiter les anémies graves chez les dialysés rénaux. Son utilisation a été récemment contingentée en France en raison de son prix élevé.

Comment une telle hormone peut elle favoriser le dopage ? Il existe chez certains sportifs une pratique largement répandue : ils fortifient leur sang par auto-transfusion.

Ils doivent d'abord prélever un litre environ de leur propre sang, le congeler, puis se le ré-injecter juste avant une épreuve importante.

Cette auto-transfusion accroit la quantité de globules rouges du sang et donc ses capacités d'oxygénation. Evidemment une telle opération doit se faire en présence d'un médecin.

Avec l'EPO tout peut se passer en secret. Les sportifs tricheurs peuvent désormais obtenir facilement de l'EPO commerciale.

Il leur suffira ensuite de 3 injections par semaine pendant 6 à 8 semaines, pour accroitre la production de globules rouges. Comme il s'agit d'un produit naturel, il est indétectable. Mais utilisé en excès il peut être extrèmement dangeureux.

Jusqu'ou iront les sportifs ? la course à la victoire associée aux progrès des biotechnologies et de la médecine, peut conduire à des cocktails mortels. Non seulement ils dénaturent le sport, mais ils mettent en danger la vie de ceux qui les utilisent.