Biologie - Septembre 1990
Pour se développer une tumeur cancéreuse à besoin d'énergie apportée par un réseau de capillaires sanguins. En bloquant la croissance des ces capillaires vers la tumeur on pourrait l'asphyxier et arréter son développement.
C'est pourquoi la découverte récente de chercheurs de la Harvard Medical School et du MIT a une telle importance. Dirigés par Robert Langer ils ont réussi à isoler du cartilage une protéine capable d'inhiber la croissance des capillaires sanguins. Le phénomène de croissance des capillaires et vaisseaux sanguins est essentiel à la cicatrisation des plaies ou au développement d'un embryon. Mais son dérèglement se trouve à la base de nombreuses maladies, comme la cécité due au diabète, la polyarthrite ou le cancer. Dès le début des années 70 le Pr Judah Folkman de la Harvard Medical School avait proposé l'existence d'un facteur naturel capable de favoriser la formation des capillaires. Cette substance a été isolé au printemps 1986 par Bert Vallee également de Harvard qui l'a appelée angiogénine. C'est un peptide (c'est à dire une courte chaîne d'acides aminés) que l'on peut obtenir par génie génétique. L'équipe de Langer a recherché s'il existait une anti-angiogénine (et donc un agent bloquant la prolifération des capillaires) dans du cartilage, car ces tissus n'ont pas de réseaux de capillaires sanguins et résistent à leur invasion. Ce travail a été couronné de succès. Les chercheurs ont isolé une protéine spécifique appelée CDI (inhibiteur dérivé du cartilage) et l'ont testée sur l'embryon de poulet. Le résultat est spectaculaire : les capillaires du jaune de l'oeuf (qui permettent les échanges nutritifs avec l'embryon) s'arrètent pile autour d'un disque de cellulose imprégné de l'inhibiteur. Ce succès ouvre des voies passionnantes et prometteuses pour la recherche et la mise au point de nouveaux médicaments.