Environnement - Octobre 1992
Comment se débarrasser des vieilles centrales nucléaires ? Le problème devient crucial car un grand nombre d'entre elles arrive au terme de leur durée d'utilisation évaluée à environ trente ans.
Au tourant de l'an 2000, 300 réacteurs représentant la moitié du parc mondial seront arrétés ou proches de l'être. Or le démantèlement coûte cher, il est particulièrement complexe et doit éviter tout danger pour l'environnement. D'où l'importance de l'expérimentation préalable. La France a commencé des essais de démantèlement à Marcoule sur un réacteur mis en service en 1958 pour fabriquer du plutonium militaire et à Mol en Belgique dans le cadre d'un projet pilote financé en partie par la CEE. Evidemment comme l'ont fait les soviétiques on peut se débarrasser en douce de ses coeurs de réacteurs, de ceux de sous-marins ou de brises glace atomiques en les immergeant dans des mers qui seront à jamais polluées. Mais la règle internationale de base en la matière comporte trois phases : laisser la centrale en l'état et la surveiller pendant des dizaines d'années. Réduire le volume du coeur puis l'isoler dans un sarcophage comme à Tchernobyl. Ou tout démonter avec les précautions nécessaires. Dans l'expérience Belge, ou collaborent Framatome, Siemens et Belgatome sur une centrale PWR (la plus répandue en France) il a fallu d'abord décharger les éléments internes du coeur et les stocker comme déchets nucléaires. Puis découper le bouclier thermique pesant 5 tonnes à la torche à plasma par télécommande et sous l'eau car son taux de radioactivité est mortel. Malheureusement cette opération produit des aérosols radioactifs et nécessite une filtration de l'eau longue et coûteuse. C'est pourquoi on a été obligé de recourir au sciage mécanique plus lent mais dont les copeaux sont plus faciles à isoler. Toutes ces opérations passionnent le monde du nucléaire. Mais on tâtonne encore. Espérons que tout sera prêt pour les grands rendez-vous de l'an 2000.