Environnement - Juin 1993
La foudre fait peur. Elle tue 25 personnes par an en France et fait de dégâts matériels considérables. Non seulement elle incendie des granges, mais elle peut détruire une fusée ou provoquer la panne d'un grand réseau de distribution d'électricité.
C'est pourquoi comprendre et contrôler le déclenchement d'un éclair est un défi environnemental majeur. La France occupe une place reconnue à l'échelle mondiale dans le domaine de l'étude des orages et de la foudre. Le risque perçu par les industriels a conduit à des produits originaux comme Météorage sur minitel, le système d'alerte Safir de l'Onera commercialisé par la société Dimension ou l'avertisseur d'orages de la société Electronique 2000. Mais un des secteurs de recherche parmi les plus étonnants est le déclenchement artificiel de la foudre. Au Centre du CEA à Saint-Privat d'Allier les chercheurs peuvent faire tomber un éclair sur un endroit précis et au moment voulu. Il utilisent pour cela une fusée du type paragrêle capable d'atteindre une vitesse de 200 m/s. Cette fusée tracte un fil de cuivre gainé de Kevlar de 700 m de long enroulé selon les techniques utilisées pour le guidage des missiles sol-sol. A l'approche de l'orage des détecteurs mesurent l'amplitude et l'évolution temporelle du champ électrique du cumulo-nimbus et déterminent l'instant du lancement de la fusée. Le gradient de potentiel peut atteindre des amplitudes de 10.000 volts jusqu'à la tension de claquage nuage-sol qui engendre la décharge et l'éclair. Quand la fusée arrive à destination l'éclair vaporise le fil de cuivre et une série d'autres décharges se produit. Ces expériences sont complémentaires de celles réalisés par l'EDF aux Centre des Renardières avec des éclairs en laboratoire d'une dizaine de mètres de long. Le déclenchement artificiel des éclairs intéresse la NASA, les militaires, France Telecom ou les constructeurs d'ordinateurs. Leur but : mieux protéger les appareils contre ce risque permanent de notre environnement naturel.