Environnement - Janvier 1994
Voici un nouveau sujet de controverse sur l'environnement. Des études réalisées dans plusieurs pays soulignent les dangers à très faibles doses d'un poison dont on connaissait les effets à doses imporantes : l'arsenic.
Poison préféré des Borgia, ingrédient du brouet de sorcières, cocktail mortel de criminels, l'arsenic a une sinistre réputation. Le sel de l'acide arsénique est incolore, sans odeur et sans saveur. Il suffit de 2 mg par kilo pour empoisonner une personne. Malgré ce redoutable pedigree l'arsenic est toujours utilisé. Il était à la base d'un médicament célèbre contre la syphillis et fait aujourd'hui partie de produits colorants et de pesticides. Les très faibles quantités retrouvées dans l'environnement ne semblaient pas dangereuses pour la santé humaine. Pourtant des études épidémiologiques très récentes semblent démontrer le contraire. Des travaux réalisés à Taiwan sur 40.000 personnes exposés à de l'arsenic dans l'eau potable font ressortir un risque élevé de cancers de la peau. L'arsenic agissant comme un promoteur à partir de l'effet des rayons ultraviolets. La quantité d'arsenic dans cette eau était de 600 parties par million (ou ppm). Des observations concordantes ont été faites en Allemagne et au Mexique. La dose limite recommandée par l'Organisation Mondiale de la Santé va être abaissée à 10 ppm contre les 50 actuellement en vigueur dans les pays d'Europe. L'arsenic dans l'eau résulterait des traitements en fonderie de minerais de pyrite au siècle dernier. Autre source d'inquiétude (en France cette fois) l'arsenic contenu dans des produits fongicides. Certaines aires de jeux pour enfants contiennent des rondins en bois, des cabanes, des tables, imprégnés de pesticides. Ces installations libèrent des quantités importantes d'arsenic lors de leur lessivage par les pluies. Dans des aires de jeux de certaines villes le sol contient 5 fois plus d'arsenic que les doses autorisées. Et 300 fois la dose dans les zones de stokage des bois traités. Il est grand temps de se pencher sur cette nouvelle forme de pollution à l'arsenic.